Génétique Moléculaire des Immunoglobulines
Non, les réarrangements V-D-J et V-J sont produits AVANT toute rencontre avec les antigènes, indépendamment de leur présence: ces réarrangements représentent le mécanisme très original de différenciation des lymphocytes B au niveau de la moelle osseuse (Bone marrow) et des lymphocytes T au niveau du Thymus (moelle osseuse et thymus sont les organes lymphoïdes primaires).
Le déclenchement de la réponse immunitaire a lieu au niveau des organes lymphoïdes secondaires (rate, ganglions) après la rencontre des antigènes et avec la coopération des lymphocytes T. Les lymphocytes B portent des immunoglobulines (IG) membranaires toutes identiques et ayant toutes la même spécificité de reconnaissance, les mêmes sites Anticorps, pour un lymphocyte B donné. Si les immunoglobulines à la surface d'un lymphocyte B reconnaissent, par leurs sites anticorps, un antigène et se lient à celui-ci, la cellule est activée et se met à proliférer de manière considérable (on parle de prolifération clonale car toutes les cellules-filles ont les mêmes réarrangements V-D-J sur leurs chromosomes 14 (locus IGH) et V-J sur leurs chromosomes 2 (locus IGK) ou 22 (locus IGL)).
Cependant
on observe par la suite des différences entre les séquences par l'apparition de mutations ponctuelles. Ces mutations
sont qualifiées de somatiques car elles se produisent dans des lymphocytes B, c'est-à-dire des cellules somatiques
différenciées. Ces mutations sont nombreuses et, de ce fait, on parle de phénomène d'hypermutation somatique. Elles
sont caractéristiques des régions réarrangées V-D-J et V-J des IG et se produisent uniquement dans les lymphocytes B
qui ont été activés. Ces mutations, qui enrichissent la diversité des cellules-filles, tout en gardant la même
spécificité de reconnaissance initiale, se traduisent par une augmentation d'affinité des sites anticorps pour les
déterminants antigéniques reconnus. Il en résulte une activation et une prolifération accrues des lymphocytes B.
Ceux-ci se différencient ensuite en plasmocytes qui secrétent, dans le milieu intérieur, davantage d'immunoglobulines
et d'affinité plus forte pour l'antigène. Il en résulte donc une meilleure réponse immunitaire humorale.
(Gérard Lefranc, 15/10/2005)