Les stades de différenciation peuvent être divisés en 2 phases (figure 1) :
Dans la moelle osseuse, la
différenciation de cellules précurseurs hématopoïétiques en cellules B matures
immunocompétentes implique une chronologie des réarrangements des gènes des
immunoglobulines, d'abord dans le locus IGH (figure 2),
un réarrangement D-J, suivi du réarrangement d'un gène V au D-J préalablement réarrangé
(synthèse des chaînes lourdes), puis dans le locus IGK, un réarrangement V-J (synthèse des
chaînes légères kappa) (figure 3) et, si nécessaire
dans le locus IGL, un réarrangement V-J (synthèse des chaînes légères lambda). Ces
réarrangements se font au niveau des signaux de recombinaison (figure 4)
(voir Génétique moléculaire des immunoglobulines).
Ces réarrangements séquentiels se produisent en l'absence d'antigène étranger et caractérisent
les divers stades de la maturation :
Un lymphocyte B mature, qui quitte
la moelle osseuse, exprime à sa surface des Ig membranaires (mIgM et mIgD) de la
même spécificité antigénique. Les domaines variables des chaînes lourdes et des chaînes
légères des IgM et des IgD présentes à la surface d'un même lymphocyte B sont codées
respectivement par un même
réarrangement V-D-J dans le locus IGH et un même réarrangement V-J dans le locus IGK ou IGL.
Ces lymphocytes B matures circulent dans le sang et la lymphe et sont amenés aux organes
lymphoïdes secondaires, en particulier la rate et les ganglions lymphatiques.
La phase dépendante des antigènes a lieu dans ces organes.
Si un lymphocyte B interagit avec un antigène pour lequel l'anticorps membranaire est spécifique,
la cellule entreprend une expansion clonale et une différenciation, lesquelles
aboutissent à une population de plasmocytes et de cellules B mémoires.
Après qu'il y ait eu contact avec la cellule stromale, un récepteur sur la cellule pro-B, le c-kit interagit avec une molécule stromale membranaire, le stem-cell factor (SCF). Cette interaction active le c-kit qui a une activité tyrosine kinase. La cellule pro-B commence alors à se diviser et à se différencier en cellule pré-B qui exprime un récepteur pour IL7 (IL-7R).
L'IL7 sécrétée par les cellules stromales induit une diminution de l'expression des molécules d'adhésion. Les cellules pré-B prolifèrent et se détachent des cellules stromales. A ce stade, les cellules pré-B n'ont plus besoin du contact direct avec les cellules stromales mais continuent à avoir besoin de l'IL-7 pour leur croissance et leur maturation.
Le complexe mu-psiL est associé à l'hétérodimère CD79a (Igalpha, mb-1) et CD79b
(Igbeta, B29) pour former le récepteur pré-B
(figure 5).
La fonction du récepteur pré-B
pourrait être de reconnaître un ligand sur les cellules stromales, ceci
génèrerait un signal qui témoignerait que la cellule pré-B a synthétisé une
chaîne mu fonctionnelle. Ce signal empêcherait un second réarrangement V-D-J sur
l'autre locus IGH (exclusion allélique) et induirait les réarrangements du locus
IGK pour synthétiser une chaîne légère.
Le rôle critique du récepteur pré-B a été démontré dans des souris K-O dans lequel
le gène lambda5 a été supprimé. La différenciation de la lignée B dans ces
souris est bloquée au stade pré-B.
Ceci suggère qu'un signal via le récepteur pré-B est nécessaire pour que la
différenciation se poursuive du stade pré-B au stade B immature.
Le développement d'une cellule pré-B en lymphocyte B immature nécessite le réarrangement productif des gènes d'une chaîne légère. Un seul isotype est exprimé à la membrane d'un lymphocyte B. Le réarrangement commence avec le locus IGK. Si le premier réarrangement IGK V-J est productif, les réarrangements des gènes des autres locus de chaînes légères (autre locus IGK, les deux locus IGL) sont bloqués. Si le réarrangement des 2 locus IGK est non productif, le(s) locus IGL réarrange(nt) à leur tour. L'expression d'une chaîne lourde et d'une chaîne légère confère à la cellule une spécificité donnée.
Comme les lymphocytes B immatures sont produits à l'intérieur de la moelle osseuse,
ils sont sujets à un processus de sélection négative où les lymphocytes B
possédant des immunoglobulines membranaires spécifiques pour les antigènes du soi
sont éliminés par apoptose.
La différenciation des lymphocytes B immatures
se poursuit. La coexpression d'immunoglobulines IgD et IgM membranaires
caractérise les lymphocytes B matures.
Ces lymphocytes B matures immunocompétents, dits «vierges» ou «naïfs», sont exportés
de la moelle osseuse vers les organes lymphoïdes périphériques.
Les étapes ultérieures de la différenciation des lymphocytes B matures se produisent dans les organes lymphoïdes périphériques et requièrent la reconnaissance d'un antigène étranger.
Au niveau de la zone sombre des ganglions lymphatiques des mutations somatiques apparaissent au niveau des gènes variables réarrangés des lymphocytes B activés. Au niveau de la zone claire basale et en l'absence de reconnaissance d'un antigène étranger, les lymphocytes B matures meurent au bout de quelques jours par apoptose.
Les lymphocytes B ayant reconnu un antigène étranger reçoivent un signal de survie et progressent vers la zone claire apicale. Les lymphocytes B activés subissent le phénomène de la commutation de classe qui permet l'expression d'isotypes autres que IgM et IgD (figure 6). Cette commutation de classe a lieu à la suite d'une coopération cellulaire entre lymphocytes B et lymphocytes T CD4 auxiliaires, qui résulte d'une reconnaissance du CD40 du lymphocyte B et du CD40L du lymphocyte T, et s'effectue en présence d' interleukines et grâce à l'action d'une cytidine déaminase spécifique des lymphocytes B activés. La différenciation conduit à des plasmocytes sécrétant des IgG, IgA et IgE, et à des lymphocytes B mémoires.
Les lymphocytes B mémoires ont une durée de vie plus longue que celle des lymphocytes B naïfs et l'affinité de leurs anticorps membranaires est plus importante, par suite de la sélection des mutations somatiques. Les lymphocytes mémoires expriment le plus souvent des IgG (figure 7), IgA ou IgE membranaires.
Les plasmocytes n'ont pas d'Ig membranaires mais sécrètent (figure 8) de grandes quantités d'anticorps :